Etonnant… ou attristant ?
Plaisir, sourire, satisfaction ?
Pierre Scheidegger, Panathlon-Club Lausanne | Est-ce que le sportif, tous sports confondus, a encore une chance de vivre ces moments de sensibilité tellement nécessaires à la réussite d’une carrière ? On pourrait en douter. Même si les sciences du sport autorisent une évolution impressionnante tant médicale que d’apports techniques, devant principalement éviter le traumatisme physique et la connaissance des capacités personnelles annihilant, en certains cas, de graves répercussions psychiques, est-ce que le sport deviendrait quelque peu l’antichambre d’une nouvelle «race» d’humains dont le Credo est «heureux celui qui pleure»! Ou, qui fait pleurer? Ou alors… peut-être… tout simplement une volonté du «grand public» de placer le sportif au rang de «gladiateur de l’ère moderne» avec ses rites, spectacles style télé-réalité devenus tendance pour tous les secteurs quels qu’ils soient de nos sociétés? On pourrait effectivement se poser la question si le sport, le sportif dans sa généralité, sont vraiment devenus le support d’une nouvelle croyance adulée par le spectateur tels, la souffrance, l’oubli de l’intégrité physique, la brutalité? Le sportif doit-il accéder au titre de «combattant» pour atteindre le Panthéon de sa gloire? Sans en oublier… ses larmes!
Que de larmes !
Larmes de déception, larmes de colère ou peut-être… larmes de joie! Est-ce devenu une mode ou une nouvelle forme de communication extra-sportive, exigée au même titre qu’un vêtement de marque ou d’un produit publicitaire?
Impressionnant mais dangereux… fréquemment sans retour !
On peut alors se poser la question où sont les limites physiques, sans douleurs et d’acceptation… d’un sportif de haut niveau? Mais pas seulement! S’il est vrai néanmoins, et ne le sous-estimons pas, qu’il n’y a pas de victoire sans un entrainement exigeant en tous points, alors doit-on vraiment aller jusqu’à l’insupportable, les larmes, les blessures? C’est à penser qu’on laisse croire aux sportifs, parfois très jeunes, qu’il n’y a pas de gloire sans souffrance(s). C’est pourtant par la pratique, l’évolution et une surcharge d’entrainement, de compétitions que le sportif réalisera que son corps, son psychisme et surtout sa volonté d’accéder aux plus hauts niveaux ne seront jamais une sinécure. Là est le danger de son futur. Néanmoins, il est également évident que la relation dont vit le sportif entre son corps et son esprit peut être l’équivalent d’une forme de relation amoureuse, pouvant se terminer par un «grand chagrin» qui lui laissera un traumatisme d’une importance vitale.
Là… les larmes ne seront pas de victoire !
Elles auront l’amertume d’une défaite dont la responsabilité représente l’amalgame de tout un environnement qui pourrait se traduire comme une forme de trahison. Ceci d’autant plus si le sportif est très jeune, voire aux abords de l’exploit. Le sport fait partie intégrante de nos sociétés. C’est vrai! Mais le sportif aussi… Le geste, l’exploit doivent rester un tableau que l’on admire sans arrière pensée découlant de tout ce qui l’environne. Cela doit rester le plaisir et la satisfaction d’une étape de l’existence d’un être, du sportif. Que ce dernier ne soit pas l’excuse d’un environnement mercantile dont beaucoup y cherchent leur seul avantage, et sachons profiter de cette culture également éducative que le sport peut nous procurer, si possible sans arrière pensée, comme trop souvent cela en devient le «leitmotiv».
Alors… oui, nous partagerons son plaisir, son sourire et sa satisfaction. Cela pourrait être sa plus belle victoire.