L’hécatombe de disparus de ces derniers mois est à ce point dense que tout un chacun porte à présent un peu de cette douleur et un peu des souvenirs ou de la mémoire de ces personnalités. Non pas que cela en devient banal – un mort reste absolument particulier – mais la répétition devient désolante. Il est vrai qu’à un certain âge, nous sommes naturellement amenés à côtoyer ce phénomène de plus en plus souvent mais il reste lié à une seule personne, toujours un proche et la douleur est à la hauteur de cette proximité.
Or, sans avoir été amis de David Bowie, de Michel Tournier ou de Benoît Violier, nous sommes tout de même touchés… Ces absents ont imprimé dans nos vies la présence d’une mélodie, d’un mode de pensée, d’un raffinement; nous les avons intégrés et en ce sens, c’est une partie de nous qui disparaît… et qui pourtant demeure.
La banalité de ces disparitions en série s’arrête ici. Il n’y a rien de banal dans la disparition du grand Chef qu’était Benoît Violier; auréolé de succès, reconnu de tous, de ses pairs et de la communauté, au sommet de son art… et subitement cet acte volontaire, désespéré, violent…
La stupeur cède à l’incompréhension devant le radicalisme et le nihilisme de ce geste que l’on peine à attribuer à la passion, l’excellence et le raffinement incarné. Il y a des précédents, mais la compréhension reste coite…
Nous restons interdits devant le suicide, quelle que soit la personne qui franchit ce pas: jeune adolescent, dans la force de l’âge, à la porte du burn-out ou en fin de vie, rien ne paraît justifier une telle décision. Que dire alors d’une personne au zénith de sa vie?… L’acte ne présente aucun signe précurseur, aucun symptôme ne permet de déceler l’imminence du geste, nous restons devant un mystère: comment est-il possible de garder un mal-être aussi profond sans que rien ne transparaisse?
Des questions qui défient l’entendement et malgré tout affirment notre méconnaissance de la profondeur de l’esprit humain…
Quoi qu’il en soit, et que ce soit en enfer ou en paradis, la musique, les discussions et les mets seront divins!