Des jeunes Suisses en mission humanitaire au Burkina Faso
par Gil. Colliard | Quitter le confort de la maison familiale de son petit village des Thioleyres pour participer à la vie des habitants de Tema, village du Burkina Faso. Vivre l’importance de l’eau qu’il faut puiser. S’intéresser à une culture très différente de la nôtre et découvrir que malgré la pauvreté, la richesse se trouve dans l’esprit de solidarité permanente et que le respect de l’autre règne, quelle que soit sa position et sa religion. C’est une belle expérience de vie que Gaëtan Sengelen a vécue et qui a débouché sur la création de l’Amicale Suisse-Burkinabé du lycée de Tema.
Reconstruction d’une nouvelle maternité après un incendie
Sur proposition d’une amie qui avait déjà fait plusieurs fois cette expérience, Gaëtan, étudiant en police scientifique à l’Université de Lausanne, s’est rendu avec un groupe d’une quinzaine de jeunes gens de 18 et 25 ans au Burkina pour une mission humanitaire, qui allait durer 3 semaines et au cours de laquelle les volontaires ont aidé à la reconstruction d’une maternité qui avait brûlé. Ce camp avait été initié par Nouvelle Planète qui chaque année organise un projet ouvert aux jeunes et dont le but, outre le travail effectué sur place, est de mettre en avant l’engagement solidaire et permettre de découvrir les différentes cultures de notre monde.
Récolter des fonds pour le financement, avant de partir
Avant de se lancer dans l’aventure et de découvrir le Burkina, qui était jusqu’en 1960 une colonie française: la Haute-Volta, le groupe fit des campagnes de financement et récolta plus de 10’000 francs. Gaëtan et son amie quant à eux, avec l’appui de la laiterie/fromagerie d’Auboranges également prodigue en dons matériels, se sont attelés à la vente de fondues pour apporter leur part. Finalement fin juillet 2013, les jeunes qui avaient financé leur voyage et leurs frais sur place, chargés chacun de deux valises pleines de vêtements et de dons, atterrirent à Ouagadougou. Laissant la capitale et ses surprenantes petites échoppes réparties le long des routes, ils roulèrent encore pendant 3 heures en direction du nord-ouest, pour arriver à Tema, village de 8000 habitants. Rencontre avec la chaleur, 35°- 40°, et avec un groupe de 15 jeunes Burkinabés avec qui ils allaient partager ces trois semaines.
Dormir dans l’école et partager la vie et les travaux des villageois
Six fois et demi grand comme la Suisse, le Burkina avec ses quelque 16 millions d’âmes, est l’un des pays pauvres et moins développés de la planète. Il est situé en Afrique de l’Ouest, entre le Mali, le Niger, le Bénin, le Togo, le Ghana et la Côte d’Ivoire. Sans accès à la mer, son altitude ne dépasse pas 750 m. A Tema, les gens vivent dans des cases; les quelques seuls bâtiments construits en dur l’ont été grâce aux dons humanitaires, relève Gaëtan. Ainsi donc nos jeunes gens ont occupé leurs journées, qui démarraient tôt avant la chaleur, aux travaux de fondation de la nouvelle maternité, au sarclage dans les champs de mil, la nourriture principale, et au transport de l’eau entre le puits et le chantier. Ils ont également fait des visites dans les familles qui parlent en «mooré» mais aussi un peu en français. Ici comme dans bien des endroits pauvres, l’alcoolisme est un fléau. Mais ce qui a frappé notre jeune voyageur c’est leur façon de prendre la personne et les choses telles qu’elles sont, sans jugement. Le respect de la personne âgée est bien ancré dans la famille et aussi dans le langage. Même lorsqu’un ancien n’a plus toute sa raison, il est écouté. Le chef du village est le seul à posséder des voitures, la considération la plus absolue lui est dévolue. Le paludisme est une cause de mortalité importante et la cécité due à la cataracte frappe la presque totalité des personnes de plus de 50 ans, ce que les Burkinabés acceptent comme faisant partie du processus de vieillesse. Un fort esprit de solidarité permanente unit ces communautés où toutes les religions se vivent côte à côte en harmonie. Une joie de vivre émane de ces gens qui possèdent si peu et dont leur phrase fétiche est «y a pas de problème». Ce fut une vraie leçon d’humilité rapporte Gaëtan.
Un long chemin pour arriver à l’école sans avoir les moyens de payer le repas de midi
Sensibilisés par le fait que souvent les écoliers doivent parcourir jusqu’à 10 km à pied pour se rendre au lycée et souvent sans avoir de quoi manger avant de rentrer, les jeunes voyageurs ont fait leurs fonds de poches avant le départ, pour financer quelques repas à la cantine (4 ct suisses l’un). Avant leur retour sur le sol helvétique, riches de leurs expériences et d’une belle amitié, ils ont créé avec des gens dignes de confiance, l’Amicale Suisse-Burkinabé du Lycée de Tema qui leur permet de garder le contact et d’envoyer directement, sans intermédiaire, de l’argent récolté en organisant des ventes de pâtisseries. Un contact tous les six mois permet aux jeunes Suisses de connaître l’utilisation faite des dons envoyés. La reconstruction de la maternité sera finie dans le courant de l’été et pourra accueillir les naissances qui sont quotidiennes. Un autre projet permettra au dispensaire jouxtant la maternité et à celle-ci de bénéficier de l’eau courante.
Cette immersion dans une culture si différente a été une expérience extrêmement enrichissante. Gaëtan a été particulièrement impressionné par le fait que la société ne met pas de pression sur l’individu, contrairement à nos codes occidentaux si rigides et critiques, qui occasionnent souvent des souffrances chez les jeunes, les menant parfois jusqu’au suicide. Mais il ne faut pas oublier non plus que les enfants là-bas doivent souvent arrêter l’école à 13 ans déjà pour aider la famille, alors qu’ils auraient les capacités et le désir d’étudier.
Pour plus d’infos, pour un don ou pour l’organisation d’une vente de pâtisseries, par une classe ou autre:
Contact: 079 451 94 17 / terrassengelen@hotmail.com