Des étincelles sous les étoiles
Michel Dentan | La charbonnière installée dans le cadre du Comptoir régional d’Oron a vécu (cf. nos reportages des 9 et 16 avril). C’est dans la soirée du mercredi 22 avril qu’Henri Geissbühler et son fils Yvan, passés maîtres dans l’art plusieurs fois centenaire du charbonnage, ont donné le coup d’envoi à son ouverture. Cette tâche, qui peut paraître de prime abord très simple, requiert au contraire un grand savoir-faire. Car il ne s’agit pas simplement de retirer la couche de terre recouvrant les bûches de bois, mais de procéder méthodiquement, mètre après mètre, afin d’éviter une inflammation soudaine du bois transformé en charbon par pyrolyse, qui réduirait à néant tous les efforts mis en œuvre pour obtenir un produit de qualité. En effet, une température de plusieurs centaines de degrés subsiste encore à l’intérieur de la meule au moment de son ouverture, rendant le travail d’extraction extrêmement pénible, notamment par la chaleur et la fumée qui se dégage du brasier.
Une magnifique équipe
Afin de mener à bien cette délicate opération, les deux charbonniers s’étaient entourés d’une équipe d’une vingtaine de volontaires qui n’ont pas ménagé leur peine afin de contribuer à la réussite de cette délicate opération. Il s’agissait de récupérer, dans des brouettes, le charbon extrait de la meule pour le transporter et l’étendre sur l’herbe à quelques mètres de là en longues bandes d’environ un mètre de large afin de le faire refroidir. Ce travail est effectué de nuit pour permettre de repérer facilement les étincelles et les tisons qu’il faut soigneusement et de façon très précise arroser d’eau afin d’éviter que la combustion ne reprenne. Toutes ces activités ont été effectuées par un team superbement motivé et soudé, même si tous les participants ne se connaissaient pas, mais tous agissant avec bonne humeur et sourire aux lèvres, sous la direction très compétente des deux maîtres d’œuvre. Sous un splendide ciel étoilé, orné d’un croissant de lune, le spectacle était féerique, contribuant encore à laisser à tous les participants un souvenir impérissable de cette expérience hors du commun, même si, en fin de soirée, visages et vêtements s’étaient intégrés à la couleur de la nuit!
La mise en sacs
Comme il l’avait fait depuis l’allumage de la charbonnière, le samedi 11 avril, Henri Geissbühler a continué à veiller sur le charbon, ne s’autorisant à quitter son poste pour enfin s’accorder un peu de repos que deux heures après l’extinction de la dernière braise. Sa tâche fut lourde tout au long de cette opération, puisqu’il veillait 24 heures sur 24 sur sa protégée, dormant à proximité et se réveillant au minimum toutes les deux heures pour surveiller son foyer, ouvrant ou fermant des orifices au moyen d’une barre à mine afin de contrôler très précisément sa combustion. Ce lourd travail a été récompensé puisque les 25 stères de fayard ont permis de récolter plus de deux tonnes d’un excellent charbon de bois qui a été mis en sac de 10 kilos le jeudi 23 avril. Leur vente permettra à chacun de réaliser d’excellentes grillades durant l’été qui s’approche.