Cully Jazz – Entre musique et offset
par Colette Ramsauer | Cette année, le Cully Jazz a confié la création de l’ensemble des visuels dont affiches, flyers, programmes au peintre plasticien Guy Meldem, enseignant à l’Ecal. Aux cimaises de la Galerie14 à Cully, le visiteur découvre l’exposition «Test Pressings», une série limitée d’affiches au format mondial, exemptes de texte. Dès demain 4 avril.
Du vinyle au papier
Certaines affiches sont rendues uniques par une post-intervention à la main à l’encre de Chine, même procédé que l’artiste a appliqué au pinceau avec les couleurs, via l’offset feuille à feuille chez l’imprimeur, réalisant sept créations d’affiches différentes à partir des primaires. Le peintre ne manque pas de spontanéité lorsque d’une main libre il trace une ligne recouvrant la plus grande surface possible sans jamais repasser par le même point.
Guy Meldem titre son exposition «Test Pressings», désignant les exemplaires maquettes d’un disque vinyle. Il met en lien l’aspect expérimental du pressage d’un disque – objet fini – avec l’impression d’une affiche dont il a déjoué les mécanismes. «Trait d’union entre la musique et les interrogations plus générales de l’artiste sur la temporalité, l’évolution des choses et des idées, leurs divers états dans le temps, leur dégradation inévitable ou intentionnelle.»
La sculpture et l’imprimé
A la galerie de Carmina Schmidt, le visiteur retrouve pareille démarche dans une forme de sculpture. Fruit d’une réflexion sur la fracture répétée de la pierre. Interrogation du plasticien face à l’histoire de vestiges archéologiques ramenés du Moyen Orient il y a une centaine d’années en Allemagne. Face au parcours d’éléments restaurés, brisés à nouveau pendant la dernière guerre, récupérés parmi les gravats, reconstitués finalement après des décennies d’attente, mis en valeur actuellement au Musée de Pergame à Berlin. Processus d’une brûlante actualité au moment où maintes villes tombent sous les coups de bombardements.
Guy Meldem (Apples 1980) enseigne aux futurs graphistes à l’Ecal où il a obtenu un master en 2012. Cofondateur des collectifs Körner Union et Maximage à Lausanne, il développe un travail personnel, centré sur la sculpture et l’imprimé. Puisant son inspiration dans «l’Art Concret», il adapte le conformisme d’un protocole à un processus plutôt qu’à une finalité. Démarche plus proche, pour donner un exemple parmi ses maîtres, de l’artiste suisse Max Bill que de Piet Mondrian.