Cher Marcel
J’apprends avec stupeur que tu nous quittes, c’est pas très sympa ! Tu nous laisses nous demm… avec l’humour que tu nous a inoculé à l’époque où nous étions tendres comme un arbrisseau, potaches comme les mioches que nous étions et si furieusement hilares à la découverte de tes dessins. La bande dessinée nous tenait lieu de cinéma et, à l’heure de la récré, nous nous repassions le film à grand coup de mimiques et de tirades improbables, rhâa lovely !
Des années plus tard, alors que je vaque à mes occupations quotidiennes, et que j’avais presque oublié que tu n’étais pas mort, tu en profites pour te rappeler à notre bon souvenir… ton humour est douteux !
J’admets que tu m’as appris le 362e degré, humour décalé où l’on prêche le faux pour dire le vrai, tout en affirmant que c’était vrai de penser que tout est faux et vice-versa quoique… un fou repeint son plafond, un autre fou arrive… De l’art de scier la branche sur laquelle on est assis…
Si l’on y regarde un peu plus sérieusement, tu as fait œuvre d’école. En 1975, « Fluide Glacial » donnait déjà le ton ; un humour de répétition, parodique, incisif et potache, une vulgarité voilée et indirecte étaient de mise. Pas très éloigné de la perfide Albion, ce très british humour revu et corrigé à la sauce française… et à la trique ! a contribué à forger la liberté de ton de cette fin du XXe siècle.
Quant au XXIe… pas glop ! Je ne sais si en partageant un de tes dessins en hommage, je ne serai pas cloué au pilori de la pédophilie ou de l’antisémitisme, à celui de la zoophilie ou de l’irrespect… ah non, celui-là a déjà disparu.
Mon cher Marcel, tu as raté ton coup, en disparaissant, tu n’as fait que t’inscrire plus fort dans la tête des mômes que nous sommes toujours et je pense qu’il y en a pas mal qui t’attendent au tournant là-haut…
Allez ! Salut Gotlib et… Youpi