C’est « monstre bien » !
James, participant au spectacle | Expression souvent entendue de la bouche même de Laurent Jüni, ce directeur passionné et passionnant qui a su amener cinq chorales de chanteurs amateurs à un bien joli niveau musical par ses qualités pédagogiques fantastiques et une façon bien à lui de faire découvrir l’œuvre – de prime abord pas simple du tout – par une méthode vivante et dynamique qui appartient aux tout bons chefs! Oui, au cours des deux premiers concerts à Sainte-Croix samedi dernier et dans le temple de St-Etienne de Moudon ce dimanche (deux lieux à l’acoustique diamétralement opposée), cette expression «ça sonne monstre bien» a donné du cœur à l’ouvrage aux choristes et instrumentistes qui se sont réellement régalés et qui ont ravi aussi les nombreux auditeurs qui se sont montrés enthousiastes.
«The Armed Man» ou «Messe pour la Paix» de Karl Jenkins est une œuvre moderne (créée en 2000) et se veut mélange de styles musicaux des plus anciens aux plus modernes. Le message délivré est fort puisque les sauvageries de la guerre y sont évoquées avec des mots très durs (en anglais) alors que la liturgie traditionnelle vient par des airs d’une beauté mélodique remarquable (Kyrie, Sanctus, Benedictus, Agnus Dei) apaiser l’effroi peut-être. Une prière d’intercession à Allah, en arabe, au début de l’œuvre, démontre l’universalité de la question qui trouve un semblant de réponse par l’acte final «Better is Peace» (Meilleure est la Paix) et les appels incessants (Ring, Ring, Ring) à «sonner» la fin des mille guerres des temps passés, à «sonner» l’arrivée des mille ans de Paix !
Si les textes sont parlants et prenants, les accents musicaux sont hypertoniques et donnent une puissance rare à cette œuvre. Les quelque dix musiciens sont purement époustouflants et en plus en parfaite recherche d’harmonie; ils démontrent une virtuosité superbe lors des parties solistiques: trompettes Pascal Braillard et Thierry Margairaz; flûte et piccolo Julien Rallu; violoncelle Guillaume Bouillon; orgue et piano Kikouchi Ezko et Luiza Aquino Salles; contrebasse Kasuaki Tsuda; percussions Maryline Musy et Ami Rossier.
Cette œuvre en impose beaucoup au chœur qui est très souvent sur la brèche et s’y adonne avec passion et détermination. Des très nombreux temps forts de cette œuvre, nous relèverons aussi l’intervention soprano soliste (Marie-Pascale Goy) sur «Maintenant les canons se sont tus… j’ai survécu à tout; toi tu n’es plus ici… je rentrerai à la maison… seul».
Poignant et frissonnant !
Cinq chorales : «Chantebroye» (l’union des chœurs de Brenles-Chesalles-Sarzens et la Chanson du Moulin de Granges-Marnand), le Chœur Neuf de Lutry, Le Forestay de Chexbres et l’Ensemble vocal de L’Auberson) se sont réunies pour l’occasion et ont démontré cette fin de semaine à Sainte-Croix et à Moudon qu’un projet, s’il est bien construit et amené, pouvait faire force et motivation. C’est ce que cet ensemble de chanteurs, de musiciens vous démontrera encore le week-end prochain, le vendredi 13 novembre à 20h à l’église de Chexbres (chapeau à la sortie) et le dimanche 15 novembre à 17h en l’église de Lutry.
Chexbres, Temple, vendredi 13 novembre à 20h
Lutry, Temple, dimanche 15 novembre à 17h