“Call me by your name”
Au cinéma d’Oron les vendredi 6 et dimanche 8 avril à 20h
De Luca Guadagnino, 2017. Scénario de James Ivory Estate. 1983. Provincia di Bergamo.
Rosane Schlup | Elio, un jeune italo-américain de dix-sept ans, vit, le temps d’un été, une histoire amoureuse passionnée dans laquelle il est amené à découvrir le jeu de la séduction et de l’attirance physique pour un homme de sept ans son aîné. Un amour transgressif, inavouable, limité dans un temps de vacances, qui emporte finalement le jeune homme dans un cheminement bouleversant. La force du film réside dans la lenteur et dans la traduction de cette oscillation sentimentale où refus, errances, esquives, acceptation et finalement douleur et séparation forment un temps suspendu, une parenthèse particulière qui va faire tout basculer. Durant cet été -là, tout l’ordre établi, la norme, les conventions éclatent pour nous révéler, en tant que spectateur, que derrière chaque soleil éblouissant, il y a toujours aussi, une part d’ombre. De toute cette expérience, dont Elio sort écartelé, dans une famille si bourgeoise, si intellectuelle, si cultivée, si tolérante, si parfaite, dans un cadre si idyllique, qu’elle en deviendrait presque indigeste, il y a surtout au final, l’intensité du discours du père, un archéologue esthète, à son fils. Les propos sont brillants de justesse et d’humanisme. Sans aucunement porter de jugement, le père réconforte son fils. Il réussit par ses mots à lui faire comprendre qu’au-delà de la passion, il en reste et il en restera toujours la valeur partagée, à l’aune d’une merveilleuse chance donnée. Certains ne la vivront peut-être jamais, la laisseront passer, s’étioleront sans en avoir même esquissé le pourtour. En contrepartie de cette chance donnée pour un temps, vient le temps de la douleur et de la souffrance. Ce temps se doit d’être accueilli, choyé, vécu et respecté, parce qu’il est partie intégrante d’un chemin passionnel qui rend vivant. Il en fait aussi sa valeur et sa force. Il en est le sel.
Inverno. 1983. Provincia de Bergamo. Les larmes d’Elio peuvent enfin affluer.