Au secours de notre agriculture
Un pays qui ne se préoccupe pas du sort de ses agriculteurs, c’est comme un enfant qui renie ceux qui l’ont nourri.
Or c’est exactement ce que nous sommes en train de faire. Nous restons indifférents aux difficultés que rencontrent nos paysans, des difficultés si graves que certains se suicident, alors que jusqu’à maintenant ce fléau semblait épargner les gens de la terre. Le prix des denrées alimentaires ne cesse de baisser, toujours plus d’exigences entravent la production, et le paysan est touché par le même mal que les enseignants: la paperasse à remplir. Comme les enseignants qui ne comptent plus les heures qu’ils doivent consacrer à remplir des papiers, plutôt qu’à préparer leurs cours, les agriculteurs passent toujours plus de temps à remplir des formulaires. Trop de bureaucratie étouffe.
Il est temps que nous, qui ne sommes pas des agriculteurs, nous nous mobilisions pour ceux qui nous nourrissent. Et que nous les soutenions. En refusant par exemple cette pression que les grands distributeurs exercent sur eux pour faire constamment baisser les prix. «Payer moins cher» est-il devenu un but en soi? A quoi cela nous mène-t-il? Sommes-nous donc décidés à acheter toujours plus et toujours moins cher? Est-ce le mode de vie que nous voulons transmettre à nos enfants ?
Il y a quelque temps je me suis demandé comment parvenir à garantir à l’agriculteur un prix du lait à 1 franc le litre, pour préserver notre agriculture laitière. J’ai été rencontrer les directeurs d’Elsa-Migros à Estavayer-le-Lac, de la Coop à Bâle, d’Emmi à Lucerne, de Cremo à Villars-sur-Glâne, et de Nestlé à Vevey. L’idée étant de créer une ligne de produits laitiers enrichis de farine de lin, facile à rajouter dans le fourrage, et facteur naturel agissant contre le cholestérol. Prolait était partant, réunissant bon nombre de paysans laitiers. Les négociations ont bien avancé jusqu’à ce qu’elles butent sur un obstacle de taille: les consommateurs accepteraient-ils de payer 20 cts de plus le litre de lait ou ses dérivés? Alors j’ai lancé l’idée du «partage responsable»: le consommateur accepterait de payer 20 cts de plus, à deux conditions: en premier, que le distributeur fasse de même et accepte de voir sa marge de profit réduite. Et en second, que le consommateur ait la garantie que ces 20cts + 20cts aillent bien chez le paysan.
Nous, les consommateurs, avons un rôle à jouer. C’est une question de volonté et de respect pour nos agriculteurs. Mais aussi de sécurité alimentaire: je préfère de loin être nourrie par un paysan suisse plutôt que par un paysan américain ou africain.
Et vous?
Christine Renaudin
Candidate au Grand Conseil
Alliance du Centre (liste n°7)